Le village de Giens et la tradition

La tradition de la tencho : l’âme de Giens

Au port de la madrague et du Niel situés sur la presqu’île de Giens à Hyères, René ASTIER, pêcheur et charpentier de marin perpétuait ce savoir faire séculaire de teinture des filets de pêche. Issu d’une famille de pêcheur depuis 1640, c’était une figure emblématique de la presqu’île de Giens. Co fondateur de l’association de « La Partègue », ce grand homme vient de s’éteindre, laissant un grand vide dans le coeur des Arbannais.

Remontons le temps :

Chaque fois, c’était une fête avec ce supplément d’âme lié à un ancrage historique et populaire. Au petit port de la madrague (situé du côté Ouest de la pressqu’île de Giens)quand le doyen des pêcheurs faisait une démonstration de teinture à la tencho, la presqu’île de Giens retrouvait ses couleurs et cette atmosphère d’autrefois. Coiffé de sa baratine, bonnet traditionnel, René ASTIER montrait puis expliquait comment l’on broyait en poudre les écorces de pin et de chêne, avant de les faire bouillir dans un chaudron pendant 24heures. Un chaudron d’origine qui existe toujours au port du Niel. « On faisait bouillir les écorces dedans sur un feu alimenté par du bois de pin « . Cela donnait une décoction dans laquelle on faisait tremper les filets de pêche en coton. Le tanin permettait d’éviter qu’ils pourrissent, de les rendre moins visibles dans l’eau et de pêcher ailleurs que sur le sable selon anciens règlements de la Prdud’homie. Au fond du chaudron, il y avait une bonde qui permettait à la teinture de s’écouler dans les lavoir du cabanon, où les filets étaient ensuite mis à tremper, puis à sécher sur les galets ou sur les mâts des bateaux.

Jusqu’en 1970 :

Il se souvenait aussi qu’enfant le premier travail des enfants de pêcheurs au Niel comme à la Madrague, c’était de casser avec une massette les écorces qui allaient servir à la Tencho. Comme ses aïeux avant lui, René a ainsi teinté filets mais également palangres, cordages, paniers à murènes et gireliers jusqu’en 1970

1970, C’est la date de l’avènement des filets en nylon. Mais cette tradition séculaire, véritable héritage du patrimoine maritime local, René a voulu la pérenniser avec l’association  » L a Partègue ». Cette dernière oeuvre depuis 28 ans, pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine maritime de la Presqu’île de Giens. En espérant que cette mémoire sensible du territoire gardera une place dans l’avenir.

 

Interview avec Patrice Resch

La tradition de la tencho va-t-elle disparaitre avec René Austier ? 

Pour lui, tout ce qu’il nous a transmis et pour l’identité de la Presqu’île de Giens, nous avons à coeur de  la perpétuer. Si comme prévu l’Opération Grand Site a lieu, une valorisation du patrimoine du petit port du Niels et des éléments qui le constituent comme le chaudron a teinture, « La Partègue » participera à cette mise en valeur avec ses bateaux et cette tradition de la tencho au Niel. Depuis 3 ans, grâce à la ville de Hyères, les bateaux de l’association rejoignent chaque été le quai des pêcheurs au port du Niel. Un pas est fait, il faut continuer…

Pourquoi est ce important de préserver des traditions qui n’ont plus cours aujourd’hui? 

Justement parce qu’elles permettent de comprendre l’évolution : pourquoi par exemple, l’arrivée du nylon et de la roue sur les bateaux a libéré les pêcheurs pausant de Giens en leur donnant l’autonomie.

Comment voyez vous l’avenir du patrimoine maritime local ? 

L’avenir serait que le futur centre d’interprétation du Grand Site de la Presqu’île de Giens réserve la place qu’il mérite au patrimoine maritime qui n’est pas du folklore. Car connaître le passé permet de comprendre le présent et de construire l’avenir de façon durable et cohérente.

 

port de la madrague hyères
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